Uchronie(s), New Delhi, T1 - Eric Corbeyran & Louis Lachance

Publié le par Eric the Tiger

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Titre : Uchronie(s), T1 : New Delhi
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Louis Lachance
Parution : Mai 2013


L’uchronie est des genres les plus à la mode dans l’univers de la bande dessinée. En effet, ces dix dernières années ont vu apparaitre des séries telles que Block 109 ou Jour J qui sont construites selon ce principe narratif. Uchronie(s), comme son titre l’indique, s’inscrit dans cette mouvance. Mais son ampleur la démarque de ses acolytes thématiques. Eric Corbeyran a imaginé trois trilogies basées sur le principe de l’uchronie. New Byzance nous plongeait dans un New York islamique, New Harlem nous faisait découvrir la mégalopole dirigée par une élite noire et enfin New York se rapprochait davantage de notre réalité. L’originalité était que chaque univers était dans une dimension parallèle aux deux autres et voyait certains personnages arriver à passer de l’une à l’autre. L’intrigue se concluait dans un dixième tome. La qualité du scénario de Corbeyran a rendu possible, crédible et passionnant le projet qui, à mes yeux, est un des plus intéressants de cette dernière décennie. 

C’est avec plaisir que j’ai découvert il y a relativement peu de temps que le scénario s’était lancé dans un second cycle basé sur le même principe. Il s’inscrit dans la continuité du précédent et voit ces trois réalités se nommer New Beijing, New Moscow et New Delhi. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier tome de la dernière citée. Elle est la troisième à voir le jour. Ma rencontre avec New Beijing était sympathique. J’ai été conquis par celle avec New Moscow. J’étais donc curieux de m’immerger dans cet univers à la culture indienne. Cet album est toujours édité chez Glénat. Son prix avoisine les treize euros. Sa parution, dans un format classique, date du mois de mai dernier. La couverture possède tous les codes de la mythologie Uchronie(s). On y découvre trois personnages en premier plan. Derrière eux, les surplombent d’immenses buildings. Cette illustration est toujours l’œuvre de Richard Guérineau. Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur au gré des trilogies. Dans celle-ci, c’est l’occasion pour moi de découvrir le travail de Louis Lachance qui m’était jusqu’alors inconnu.

Ce premier opus se démarque des autres par le fait que la famille Kosinski n’y existe quasiment pas. Ce nom est célèbre car il s’agit de celui qui est à l’origine du moyen permettant de passer d’une dimension à l’autre. Cette démarcation fait que j’ai eu davantage de mal à m’immerger dans l’histoire. Ses différences auraient pu attiser ma curiosité. Au contraire, la conséquence de cette originalité est que le premier contact a été plus difficile. Il faut dire que le trait de Louis Lachance est loin de m’avoir séduit. Les premières planches m’ont été hermétiques graphiquement. Le trait est trop simple. Les personnages m’apparaissent inexpressifs. Les décors ne dégagent aucune atmosphère. Bref, j’espérais que la première impression ne soit pas la bonne. 

Hélas, la seconde impression s’est inscrite dans la lignée de la première. L’intrigue ne décolle pas vraiment et je ne quitte jamais mon statut de spectateur. A aucun moment, je ne m’immerge dans l’univers créé par Guérineau et Lachance. Le dépaysement est factice. J’ai eu l’impression d’être plongé dans un décor de théâtre reproduisant une mégalopole indienne. De plus, les personnages sont peu travaillés. On ne ressent aucune empathie à l’égard des deux héroïnes. Quant au seul personnage « méchant » de l’album, il nous irrite comme nous agacerait un enfant capricieux. On ne ressent jamais des enjeux importants. Le fait que dans cette société, le changement de dimension est assumé et normé. Ce phénomène est sous-exploité. On ne fait qu’assister à une succession de « voyage » sans réellement connaitre leur but. Les auteurs posent quelques jalons mais trop peu pour justifier plus de quarante pages. New Delhi est voué à être une trilogie. On ne peut pas dire qu’elle soit partie sur un rythme effréné.

En conclusion, je suis sorti de ma lecture très déçu. Il s’agit du sixième premier tome de la série. C’est de loin le plus faible tant sur le plan graphique que scénaristique. J’espère que le deuxième épisode interagira davantage avec ses deux réalités sœurs. Cela pourrait lui donner plus d’ampleur et amener une profondeur aux personnages qu’ils n’ont pour l’instant pas du tout. Ce dernier défaut est particulièrement regrettable dans le sens où l’album crée uniquement quatre réels protagonistes. Cela donnait donc l’occasion de les travailler et de leur offrir une identité réelle. Ce n’est pas le cas. Néanmoins, je garde espoir. Cet univers m’a procuré suffisamment de plaisir pour que je laisse une deuxième chance à New Delhi. Espérons qu’elle sera saisie. Mais cela est une autre histoire…

par Eric the Tiger

Note : 6/20

Publié dans Uchronie

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Commenter cet article
Y
<br /> Pas mort, certes, mais que de déchet à écarter, pour trouver les pépites. Mais il faut croire qu'il vend, sinon il ne publierait pas autant.<br /> <br /> <br /> Pour ma part, je suis lassé de cette série. Déjà sur le premier "cycle", je trouvais ça très redondant, avec des dessins plutôt faiblards.<br />
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B
<br /> <br /> Je trouve que le premier cycle est original et dense sur le plan scénaristique. Par contre, je te rejoins sur le fait que le dessin accompagne la narration davantage qu'elle la sublime. Merci<br /> pour ton commentaire. Au plaisir de te relire...<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> J'ai l'impression que Corbeyran produit beaucoup trop. Il risque de s'épuiser de ne plus être un gage de qualité d'une série. C'est dommage. <br />
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B
<br /> <br /> Disons qu'il a de grandes fluctations de qualité dans ses productions... Néanmoins, il produit encore des séries de grande qualité. Il n'est pas mort !<br /> <br /> <br /> <br />